Wednesday, December 8, 2010

Rehabilitation at MSP (2e Partie)

Interventions à 3 niveaux

1. Par rapport aux déficiences suite à la maladie même, il va de soi que les soins de base lors d’une admission doivent répondre à un certain niveau de qualité minimal. Cela implique par exemple l’administration précise de médicaments comme le docteur les a prescrits, l’établissement systématique d’une relation professionnelle de confiance et d’écoute entre l’équipe soignante et chaque malade, l’accompagnement individuel par un référent qui – ¬à base régulière – signale au reste de l’équipe ses observations précises et qui joue un rôle proactive dans le traitement de son patient. Tous ces points sont à renforcer.

La qualité des soins de base au sein de l’hôpital sont une condition de base pour que n’importe quelle initiative de réhabilitation puisse réussir. Néanmoins, la présence d’hallucinations ou d’idées délirantes, de comportements bizarres, etc. ne doit pas empêcher le commencement d’un accompagnement individuelle en matière de réhabilitation : ce ne sont pas tellement les symptômes cliniques qui comptent, mais surtout les habiletés et le fonctionnement de la personne – qu’est-ce que la personne arrive ou n’arrive pas à faire.

2. Renforcer la position du patient dans la société, combattre les conséquences indirectes de la maladie. La réhabilitation touche surtout nos résidents qui sont atteints d’incapacité grave et de longue durée. Néanmoins, obtenir la réinsertion sociale de n’importe quel patient après une admission pourrait également être considéré comme une forme de réhabilitation. De toute façon, préparer les patients à la sortie demeure un aspect de notre traitement qui demande encore à être renforcé, qu’on appelle cela la ‘psychoéducation’, le ‘travail social’, la ‘réhabilitation’, etc. Plus concrètement, il s’agit d’explorer les points suivants chez n’importe quel patient et de corriger par voie d’entretiens là où c’est nécessaire:
- perception et connaissances de l’individu par rapport à la maladie
- attitudes et connaissances par rapport au traitement
- aptitude du patient à accomplir les activités quotidiennes
- logement, activités professionnelles, loisirs
- situation sociale, attitudes et connaissances de la famille par rapport à la maladie
- point de vue et attentes de la famille par rapport aux différents domaines de réinsertion

Ce qui empêche surtout au docteur et aux infirmiers gradués de préparer chaque patient d’une façon systématique à la sortie est un manque de temps. Un volet de formation du personnel pourrait donc être l’accompagnement du patient à la sortie : pour cela, le soignant doit maîtriser certaines techniques d’entretien de base, doit pouvoir explorer et donner un compte-rendu au docteur de l’état psychiatrique du patient, doit pouvoir donner au patient ainsi qu’à la famille des explications par rapport à la maladie adaptées à leur niveau de formation et leur vécu (psychoéducation), etc. A plus longue terme, on pourrait penser à organiser des sessions de psychoéducation collectives pour des groupes de patients ou des groupes de familles. Outre des formations générales, un suivi plus individualisé de chaque membre de l’équipe pourrait être organisé. L’apprentissage pourrait alors s’effectuer à base de la pratique, c'est-à-dire en se basant sur les contacts avec les malades et leurs familles pour qui on est référent.

Pour nos résidents chroniques, les interventions concrètes par rapport à la réhabilitation sont les suivantes :

- travail thérapeutique : continuer à stimuler les résidents en leur invitant aux entretiens individuels, en faisant un bilan personnel de leur souhaits et objectifs, en continuant d’organiser des activités ergo, en développant certaines activités d’ergo spécialement adaptées aux malades chroniques, en organisant des activités d’ergo individuelles selon les intérêts des résidents

- travail social : contacter la communauté malienne, burkinabé, etc. Faire un suivi actif de leurs efforts pour retrouver les parents de nos malades. Encourager les résidents à participer aux activités culturelles de leurs communautés respectives à Yamoussoukro. Explorer les attitudes de la famille, donner des informations par rapport à la maladie mentale. Les attitudes négatives des familles ne doivent pas nous décourager. Même si on n’arrive qu’à organiser une rencontre unique entre un résident et un parent, cela est un acquis.

- occupations professionnelles : obtenir un aperçu des endroits où les malades pourraient faire un stage, apprendre un métier, suivre une formation, faire du bénévolat ; du coût de chaque activité, de comment organiser un transport en commun moins cher pour atteindre la ville ; d’où l’on obtient un micro crédit pour commencer un petit commerce, des partenaires locales qui pourraient parrainer certaines activités, des initiatives que la MSP peut organiser elle-même, etc. Le but serait d’obtenir au fur et à mesure un aperçu plus complet de toute la région de Yamoussoukro

- en fonction des problèmes qui se présentent lorsque les malades vont davantage sortir, organiser un entraînement des habiletés sociales, des entraînements individuelles (p.ex. comment prendre un taxi, comment s’orienter dans la ville, comment acheter quelque chose, etc.)

- logement : organiser la maisonnette d’une telle façon que 8 à 10 personnes peuvent y demeurer avec la plus grande indépendance possible et moins de soins qu’au sein de l’hôpital. Les résidents pourront graduellement acquérir plus de responsabilité et d’indépendance. Ils seront suivis par leur référent et – dans un premier temps – par le coopérant responsable pour la réhabilitation.

- si la famille du malade a les moyens, nous pourrions penser à accompagner le malade dans la location d’un petit studio en ville, etc.

- au niveau de la formation, nous pourrions appliquer le même système d’apprentissage individuel pour les référents

3. Au niveau de la société, les moyens mis à notre disposition afin de changer les choses sont limités. Les interventions ont déjà été décrites ailleurs (canevas de référence) : activités de sensibilisation sur la santé mentale par les médias, collaboration avec d’autres ONG et des acteurs académiques. Seul moyen auquel on n’a pas encore pensé sont les différentes paroisses, congrégations religieuses et tous les fidèles que nous pourrions atteindre par cette voie. Nous pourrions créer un dépliant qui explique d’une façon générale ce qu’est la maladie mentale, comment nous soutenir, les heures de consultation, etc. et le distribuer via les communautés religieuses. Nous pourrions également expliquer le contenu du dépliant en dioulla au sein des communautés musulmanes. Nous pourrions même demander à quelques malades de nous accompagner pour ce travail. Autre idée était de faire fabriquer des pagnes ‘St.-Vincent de Paul’ qu’on pourrait vendre lors d’une fête. Nous pourrions créer une ‘Boutique Espoir – St.-Vincent de Paul’ au bord de la route juste devant le centre où on met en vente l’eau glacée et les produits du centre (p.ex. jus de bissap, arachide, niamakoudji, œufs, maïs braisé, les œuvres d’art de l’ergo). Cela donnera une occupation à une des résidentes et nous offre également une occasion supplémentaire d’atteindre la population.

Jean-Clement, RN, BSN

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