Ce jour le 26 janvier 2011, nous avons assisté à l’épisode de parabole de l’enfant prodigue raconté par l’évangéliste saint Luc (Lc15, 11-32), lorsque l’hôpital psychiatrique Saint Vincent de Paul de Yamoussoukro a décidé de remettre le patient Jérôme à sa famille après un séjour de 102 jours à l’hôpital.
En effet, le patient Jérôme est un patient psychiatrique qui suite à sa maladie a décidé inconsciemment de quitter la maison familiale, errant dans la nature s’est retrouvé à Yamoussoukro. Après avoir passé un moment ensemble avec sa grande sœur mariée à Yamoussoukro, Jérôme a de nouveau quitté celle-ci pour la rue. C’est ainsi que le 14 octobre 2010, les Frères de la Charité en charge de l’hôpital psychiatrique de Yamoussoukro l’avait récupéré avec deux autres patients dont un camerounais pour lui donner un traitement psychiatrique. Pendant ces périodes d’hospitalisation, les parents de Jérôme ont perdu toutes ses traces et pour eux se revoir avec Jérôme un jour n’est pas à l’ordre du jour car il est complètement perdu ou peut être mort.
A leur grande surprise, ils ont appris que Jérôme est bien vivant dans un hôpital qui l’a traité et maintenant ça va mieux, il compte de renter en famille pour exercer son métier de tisserand. En effet, pour eux cette annonce n’est une pure rêverie et plus grave encore effectuée en plein jour ; car, d’après tout ce qu’ils ont appris à propos de la maladie de leur frère, il est irrécupérable.
Confirmant son retour en famille dans les deux prochains jours accompagné de l’équipe sociale de l’hôpital, toute la famille est mobilisée pour lui réserver un accueil chaleureux et transformer ce jour en un jour de fête et de joie. Oui le rêve est devenu réalité en ce jour là. (la vidéo ci-dessous illustre cette mobilisation depuis le chef de la famille jusqu’aux neveux de Jérôme en passant par le chef du village et quelque voisins). Tous sont venus accueillir leur frère, oncle, neveux qu’ils croyaient mort et voilà revenu à la vie, disparu et le voilà retrouvé. Un protocole a été mis en place pour la cérémonie de retour même si une festivité n’a pas été organisée, mais l’ambiance de la fête et joie y est présente.
De tout ce qui a été dit, nous avons retenu cette illustre phrase qui nous a ému « nous sommes touchés par l’acte que vous avez posé à notre endroit à travers notre frère Jérôme ici présent, c’est la première fois pour la famille d’assister à un tel acte : quelqu’un qui n’est pas membre de ta famille biologique, t’a pris dans la rue, t’a soigné sans consentement de ta famille, puis t’a remis à la famille sans rien exiger comme contre partie. Cela dépasse notre entendement ! Nous manquons des mots pour vous exprimer notre gratitude ».
Oui cela dépasse notre entendement. Qu’est ce qui peut être au-delà de l’amour ? L’amour peut changer tout dans la vie, il nous aide à comprendre que mon frère, ma sœur, mon oncle, mon neveux n’est pas seulement celui qui appartient à ma famille biologique, ni même celui issu de mon propre village, mais celui qui est disposé à m’offrir cet amour qui peut tout changer en moi, qui à la puissance de faire lever sur moi le soleil de la résurrection, c'est-à-dire le soleil de la dignité de ma personne humaine. Ce pouvoir de l’amour est effectif car Dieu est amour. Il (Dieu) agit à travers tout acte posé par amour et de ce fait, nous sommes invités à se laisser mouvoir par amour et notamment envers nos frères qui souffrent de la maladie mentale.
Fr. Stanislas Maximilien NDIGUISSI, fc
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